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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 17:48
Témoignage émouvant d'Anne-Marie Revol dans "Nos étoiles ont filé".  Elle raconte ce jour terrible, où elle apprend la mort de ses deux filles de 2 ans et demi et seize mois dans un incendie.
 
"Perdre un enfant, c’est l’impensable, le jamais imaginé, quelque chose contre nature : un enfant ne peut pas mourir avant ses parents, avant ses grands-parents !
Perdre un enfant c’est tout un avenir qui disparaît, c’est toute la composition de la famille qui change, c’est notre rôle de mère, de père, qui est remis en cause.
Perdre un enfant c'est un choc émotionnel qui bouleverse la vie personnelle, conjugale, familiale, sociale et professionnelle.
Perdre un enfant c’est voir voler en éclats tous ses repères, une partie du sens donné à l’existence. C’est être obsédé par des questions sans réponse.
La mort d’un enfant, cela fait peur aux autres ! Personne n’ose en parler et les parents endeuillés, se retrouvent souvent dans une grande solitude.
Ils ont le sentiment que le monde s’est arrêté. Plus rien ne sera comme avant et tout s’écroule autour de soi : les projets, les rêves, c’est comme si une partie de soi-même s’éteignait à tout jamais.
On met un enfant au monde pour la vie et nous parents nous n’avons n’a pas pu l’empêcher de mourir ? Pourquoi lui et pas moi, ce qui semble dans l’ordre des choses… Il ressort une impression d’échec et de culpabilité énorme.
Le temps qui suit l’annonce du décès est une phase d’effondrement où les parents ne veulent rien voir ni rien sentir. L’important est qu’ils expriment leur peur du lendemain, leur souffrance tout en leur permettant de réaliser que cet enfant a été vivant avant de mourir et qu’ils doivent garder en eux cette image.
Dans ces moments tragiques, les couples parfois se défont. Etant donné que le deuil s’exprime différemment pour l’un et pour l’autre, il arrive qu’une certaine incompréhension se manifeste et provoque une distance entre les parents. L’un des conjoints en vient à penser dans son inconscient que l’autre est responsable de la mort de l’enfant.
Les périodes de douleur intense et de rechute ne sont pas toujours correspondantes entre les conjoints. Quand l’un finit par s’en remettre un peu et à remonter la pente, l’autre traverse une période difficile. Ce manque de synchronisme provoque l’impression d’être constamment dans la douleur. Afin d’éviter de retomber dans la souffrance, les conjoints peuvent finir par vouloir s’éviter dans les moments difficiles.
Et puis s’il y a d’autres enfants, il ne faut pas les oublier. Ils souffrent eux aussi de cette perte immense et se sentent eux aussi coupables. Et lorsque l’on évoque devant eux l’enfant décédé, il ne faut surtout pas établir de comparaison entre ceux qui restent. Il est important que tous puissent garder leur identité sans pour cela se sentir diminués ou encore regretter d’être vivants.
Comment essayer de surmonter cette épreuve familiale ? La révolte, la colère, la culpabilité font partie des passages obligés.
Pleurer, parler de son enfant à des proches capables d’écouter et de comprendre, fait partie du travail de deuil. Garder ses objets aussi longtemps que l’on souhaite est aussi un moyen de vivre avec lui. La date anniversaire de sa mort est toujours très douloureuse, tout comme les fêtes de fin d’année... "
 
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commentaires

R
Bonjour Marie<br /> Cà fait du bien de lire ou d'entendre d'autres parents ayant perdu leur enfant. On sait alors qu'on n'est pas des extra terrestres, que notre ressenti est tout à fait normal, que le manque de notre<br /> enfant sera toujours aussi vif, qu'on se posera toujours autant de questions. Il faut se raisonner tous les jours pour continuer son chemin dans cette "nouvelle vie" sans elle, sans lui.<br /> Mes amitiés Marie.
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M
Tout est dit, même constat même ressenti pour tous les parents orphelins.<br /> Amitiès sincères.<br /> Marie.
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